Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/163

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« — Je regardais les images fantasques du feu.

» — Ne voulez-vous pas que je les regarde comme vous ? » lui demandai-je en le voyant tisonner vivement et faire voler, par l’étroite cheminée, des myriades d’étincelles,

« — Vous ne les auriez pas vues, vous ! » répondit-il… « Je déteste cette heure incertaine qui n’est ni jour ni nuit. Vous revenez bien tard. Où êtes-vous allé ?

» — Je suis allé dire adieu à ma promenade de Blunderstone.

» — Et moi, » reprit-il en regardant autour de nous, « j’étais à penser, en voyant la solitude et le silence qui régnaient tout à l’heure ici, qu’un temps pourrait venir où cette famille, que nous trouvâmes si heureuse le soir de notre arrivée, serait dispersée sur la terre, ou confondue parmi les morts, ou frappée de je ne sais quel malheur… David, plût à Dieu que j’eusse eu un père sage pour me diriger pendant les vingt premières années de ma vie.

» — Mon cher Steerforth, qu’avez-vous donc ? »

» — Je regrette, je vous le répète, » s’écria-t-il, « de n’avoir pas été mieux guidé, je voudrais, de tout mon cœur, me mieux guider moi-même. »