Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/189

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ne suis. J’ai besoin d’être cent fois plus reconnaissante que je ne suis. J’ai besoin de mieux sentir combien on est heureuse de devenir la femme d’un honnête homme et de vivre paisiblement avec lui. Ah ! mon cœur, mon cœur ! »

Elle se cacha le front sur le sein de sa tante et cessa de faire entendre cette voix douloureuse qui était moitié celle d’une femme et moitié celle d’un enfant. Moitié femme, moitié enfant : c’était là tout Émilie, avec son caractère, ses manières séduisantes, son expression et sa beauté. Elle pleura quelque temps en silence sur les genoux de ma chère Peggoty, qui la consolait comme une nourrice console son nourrisson.

Quand Émilie fut plus calme, Cham et moi nous lui parlâmes tour à tour, et elle nous répondit, puis peu à peu sourit, se releva, se dit honteuse de ses larmes, plaisanta doucement avec nous, et ensuite elle se retira avec Cham.

Je la vis, ce soir-là, pour la première fois, embrasser son prétendu, prendre tendrement son bras pour s’en aller, se presser tendrement contre lui comme heureuse et fière de son protecteur. Quand elle fut partie, je comparai sa sortie à celle de Martha.

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