Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/321

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» — En vérité ?

» — En vérité, Miss Dartle. »

À cette affirmation, je la vis pâlir, et la cicatrice imprima son sillon plombé sur ses deux lèvres ; ses yeux, en même temps, fixèrent sur moi leur plus ardent regard et elle me demanda :

« — Que fait-il ?

» — Que fait-il ? » répétai-je après elle, plutôt pour moi que pour elle, tant je fus surpris.

« — Oui, que fait-il ? en quoi l’assiste cet homme qui ne m’apparaît jamais qu’avec un mensonge inscrutable dans son impassible physionomie ? si vous êtes honorable et fidèle, je ne vous demande pas de trahir votre ami ; tout ce que je vous demande c’est de m’apprendre ce qui l’entraîne et l’absorbe tout entier : est-ce la vengeance, la haine, l’orgueil, l’inquiétude d’esprit, un caprice, l’amour ?

» — Miss Dartle, » répliquai-je, « pourquoi ne pas vouloir me croire lorsque je vous déclare que je ne sais rien de nouveau sur Steerforth, que je n’ai aucune idée de ce qui vous préoccupe et que je vous comprends à peine. »

Une sorte de frémissement, qui me sembla devoir être douloureux, se fit remarquer dans