Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/389

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preneurs de funérailles, dans notre profession de proctor, nous faisant une règle de paraître plus ou moins affligés quand nous avions à traiter avec des clients en deuil. Par suite du même sentiment de délicatesse, nous prenions toujours un air gai avec les clients qui s’adressaient à nous pour une licence de mariage. Je prévins donc Peggoty qu’elle trouverait M. Spenlow très consolé du décès de M. Barkis, et, en effet, il rentra joyeux comme un fiancé.

Mais ni Peggoty ni moi n’eûmes des yeux pour lui quand, dans l’individu qui l’accompagnait, nous reconnûmes M. Murdstone. Il était très peu changé ; il avait les mêmes cheveux noirs et la même fausseté dans le regard.

« — Ah ! Copperfield, » me dit M. Spenlow, « vous connaissez Monsieur, je crois. »

J’adressai à Monsieur un froid salut, et à peine si Peggoty fit mine de le reconnaître. Il fut d’abord un peu déconcerté de nous rencontrer tous les deux ensemble, mais il n’hésita pas long-temps à prendre un parti, et m’aborda :

« — J’espère, » dit-il, « que vous allez bien ?

» — Cela ne doit guère vous intéresser, » répondis-je… « Oui, si vous désirez le savoir. »