Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/399

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lant matin de la vie. » Mais la voiture attendait à la grille, et nous nous y rendîmes à travers la pelouse.

Quelle promenade ! je n’en fis jamais de pareille. M. Spenlow, Dora et Julia occupaient le phaéton, un phaéton découvert qui contenait aussi l’étui à guitare de Dora, une bourriche et ma corbeille de sucreries. Je suivais à cheval. Dora, sur la banquette de devant, me regardait, ayant mon bouquet à sa droite, sans permettre que Jip se plaçât de ce côté de peur qu’il ne l’écrasât, et le prenant quelquefois à la main pour le respirer. C’était alors que nos yeux se rencontraient ; et, si je m’étonne d’une chose, c’est de n’avoir pas sauté par dessus la tête de mon coursier jusque dans la voiture.

La route était poudreuse, et je crois bien me rappeler que M. Spenlow m’accusa une fois ou deux de soulever la poussière avec le trot de mon cheval ; mais je ne m’en apercevais pas ; je ne voyais autour de Dora qu’un nuage d’amour et de beauté, rien de plus. M. Spenlow se retourna aussi pour me demander comment je trouvais le paysage : « Délicieux, » répondis-je, et je n’y voyais que Dora. Le soleil brillait sur Dora, les oiseaux chantaient