Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/98

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sévère de M. Wickfield, je ne sais quel soupçon de trahison j’emportai de cette visite. Ce soupçon me suivit sous le toit de M. Wickfield, et il s’y mêla une sorte de pressentiment, comme si quelque disgrâce menaçait l’établissement où j’avais étudié et joué, écolier innocent. Je n’eus plus le même plaisir désormais à songer aux deux antiques aloès, à la pelouse, à la promenade favorite du Docteur, au son des cloches de la cathédrale dont les tours dominaient ce sanctuaire de mon enfance.

Le lendemain matin, je ne fus pas égayé par les bons offices d’Uriah Heep, qui voulait m’aider à faire un paquet des livres et d’autres objets laissés par moi jusque-là chez M. Wickfield, et qui devaient m’être expédiés plus tard, puisque je cessais d’être l’hôte résidant du père d’Agnès. Uriah me montra un tel empressement, que j’en conclus peu charitablement qu’il était bien aise de me voir partir.

J’eus besoin de me monter la tête pour faire bonne contenance en disant adieu à mes amis de Cantorbéry. Pleurer n’était pas digne d’une mâle douleur. Je me montrai stoïque, et je ne versai pas une larme. J’étais assis à côté du cocher, sur son siège, quand la diligence, qui traversait la ville, fit une halte non loin de l’é-