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préféré faire le voyage debout derrière la voiture, mode de transport auquel il était plus accoutumé.



CHAPITRE III.

Qui nous représente M. Dombey comme homme et comme père
à la tête de l’administration intérieure de sa maison.


Les funérailles de feu Mme Dombey ayant été célébrées à l’entière satisfaction de l’entrepreneur et des gens du voisinage ; gens disposés généralement à se montrer sévères sur ce point et à se scandaliser des plus légères omissions et du plus petit oubli des convenances dans de semblables cérémonies, les différents membres de la maison de M. Dombey reprirent leurs places respectives dans l’économie du système domestique. Ce petit monde, aussi bien que le grand, a la faculté d’oublier aisément ceux qui ne sont plus.

« C’était une bonne personne ! dit la cuisinière.

— Que voulez-vous, c’est le sort commun ! fit la femme de charge.

— Qui l’eût pensé pourtant ! s’écria le sommelier.

— En vérité, je puis à peine y croire ! soupira la femme de chambre.

— C’est comme un rêve ! conclut le valet de pied ; et le sujet étant épuisé, chacun trouva qu’il y avait déjà longtemps que l’on portait le deuil.

Quant à Richard, que l’on avait établie à l’étage supérieur dans un état d’honorable captivité, l’aurore de sa nouvelle vie lui apparaissait froide et triste. La maison de M. Dombey était vaste, exposée au nord et donnant sur une longue rue sombre, d’un comme il faut à faire peur, et située dans le quartier entre Portland-place et Bryanstone-square. Elle faisait le coin de la rue, dont elle était séparée par de larges sous-sols où les caves, fermées d’une manière menaçante par des fenêtres à barreaux, lorgnaient de travers des portes mal bâties conduisant aux communs. C’était une maison d’un aspect lugubre, formant rotonde par derrière et contenant une longue enfilade