Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 3.djvu/170

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l’attention de Florence, il la regarda d’un air encore plus embarrassé qu’il ne l’avait fait jusqu’à présent, et parut la quitter à regret.

« Pauvre Walter ! dit le capitaine.

— Pauvre Walter, pauvre garçon ! soupira Florence.

— Noyé ? n’est-ce pas ? » fit le capitaine.

Florence secoua la tête et soupira.

« Bonne nuit, ma charmante ! dit le capitaine Cuttle en lui tendant la main.

— Dieu soit avec vous, mon bon et bien cher ami ! »

Mais le capitaine ne s’en allait toujours pas.

« Y a-t-il quelque chose de nouveau, cher capitaine Cuttle ? dit Florence, facile à alarmer dans l’état d’esprit où elle se trouvait. Avez-vous quelque chose à me dire ?

— À vous dire, ma charmante ? répliqua le capitaine qui rougit en la regardant. Non, non, que voulez-vous que j’aie de nouveau à vous dire, ma chérie ? Vous n’espérez pas que je vous dise quelque chose de bon certainement ?

— Oh ! non, » dit Florence secouant la tête.

Le capitaine la regarda fixement et répéta « non… » Mais il ne s’en allait toujours pas, et il montrait toujours le même embarras.

« Pauvre Walter, dit le capitaine, mon Walter, comme je vous appelais toujours ! ô neveu du vieux Sol Gills ! aussi agréable à voir pour tous ceux qui vous connaissaient que les jolies fleurs du mois de mai ! Qu’êtes-vous devenu, mon brave garçon ? Noyé, n’est-ce pas ? »

Lorsque le capitaine eut terminé sa prosopopée par ces mots : noyé, n’est-ce pas ? il lui souhaita le bonsoir et descendit, pendant que Florence l’éclairait du haut de l’escalier. Il avait déjà disparu dans l’obscurité, et le bruit de ses pas qui s’éloignaient, semblait indiquer qu’il entrait dans la salle à manger, lorsque tout à coup sa tête et ses épaules reparurent dans l’escalier. Il n’avait d’autre motif que de répéter sans doute encore une fois : Noyé, n’est-ce pas, ma mignonne ? Car, lorsqu’il eut prononcé ces mots d’un ton de voix plaintif, il disparut pour tout de bon.

Florence était attristée de voir qu’en venant chercher un asile dans cette maison elle avait sans le savoir, mais bien naturellement, réveillé le souvenir cuisant de Walter dans le cœur de son protecteur. S’asseyant devant la petite table où le capitaine avait placé le télescope, le chansonnier et toutes les