Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/115

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Si je ne me sentais pas bien sûr… remarquez que je dis bien sûr… d’offrir à Mademoiselle Marguerite une situation qu’elle puisse accepter sans s’exposer à aucune humiliation, entendez-vous bien, aucune !… je ne demanderais pas sa main… Y a-t-il un autre obstacle que celui-là ?… Avez-vous à me faire une autre objection qui me soit personnelle ?

Obenreizer lui tendit ses deux mains en forme de protestation courtoise.

— Une objection qui vous soit personnelle ! — dit-il, — cher monsieur, cette seule question est bien pénible pour moi.

— Bon ! — dit Vendale, — nous sommes tous deux des gens d’affaires. Vous vous attendez naturellement à me voir justifier devant vos yeux de mes moyens d’existence, je puis vous expliquer l’état de ma fortune en trois mots : j’ai hérité de mes parents vingt mille livres. Pour la moitié de cette somme, je n’ai qu’un intérêt viager qui, si je meurs, sera réversible sur ma veuve. Si je laisse des enfants le capital en sera partagé entre eux quand ils seront majeurs. L’autre moitié de mon bien est à ma libre disposition. Je l’ai placée dans notre maison de commerce, que je vois prospérer chaque jour ; cependant je ne puis en évaluer aujourd’hui les bénéfices à plus de douze cents livres par an. Joignez à cela ma rente viagère, c’est un total de quinze cents livres. Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet contre moi ?

Obenreizer se leva, fit un tour dans la chambre. Il ne savait absolument plus que dire ni que faire.

— Avant que je réponde à votre dernière ques-