Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/136

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quelque motif de craindre que de certaines circonstances ne lui aient déjà donné l’éveil. La seule preuve contre cette personne est le reçu qui est dans vos mains ; elle remuera ciel et terre pour l’obtenir de vous et la détruire. Je vous prie donc instamment de ne pas confier cette pièce à la poste. Envoyez-la-moi sans perdre de temps par un messager particulier et ne choisissez ce messager que parmi les gens qui sont depuis longtemps à votre service. Il faut aussi que ce soit un homme accoutumé aux voyages, parlant bien le Français, un homme courageux, et un honnête homme. Vous devez le connaître assez bien pour ne pas craindre qu’il se laisse aller en route à aucun étranger cherchant à lier connaissance avec lui. Ne dites qu’à lui, à lui seul la nature de cette affaire et la tournure qu’elle va prendre. Je vous engage à suivre l’interprétation littérale de tous ces avis que je vous donne, convaincu que l’arrivée à bon port du faux reçu en dépend.

» Je n’ai plus à ajouter qu’une chose. C’est que votre promptitude à agir est de la plus haute importance. Il nous manque plusieurs de nos modèles de reçus et nous ne pouvons prévoir quelles fraudes seront commises, si nous ne mettons la main sur le voleur !

» Votre dévoué serviteur,
Pour Defresnier et Cie,
» Rolland »

Quel était donc celui qu’on soupçonnait ?

Vendale pensa qu’il chercherait inutilement à le deviner. Mais qui pouvait-il bien envoyer à Neufchâtel avec le reçu ? Certes il n’était pas difficile de trouver au Carrefour des Éclopés un homme courageux et honnête. Mais où était l’homme accoutumé aux voyages, parlant le Français, et sur qui l’on pourrait réellement compter pour tenir à distance tout étranger qui voudrait lier connaissance avec lui pendant la route ? Vendale n’avait réellement