Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/141

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Elle lui jeta les bras autour du cou.

— George, — lui dit-elle tout bas, — avez-vous fait quelque chose qui ait pu blesser Monsieur Obenreizer ?

— Moi ! — s’écria Vendale stupéfait.

— Taisez-vous, — dit-elle, — il faut que je vous parle bien bas. Rappelez-vous le petit portrait photographié que vous m’avez donné ? Cette après-midi, je ne sais comment il le trouva sur la cheminée. Il le prit, le regarda, et moi, je voyais son visage dans ce miroir… Ah ! je suis sûre que vous l’avez offensé. Il est vindicatif, implacable, et aussi muet qu’une tombe. Ne partez pas avec lui… George… ne partez pas !

— Mon cher amour, — répondit Vendale, — vous vous laissez égarer par votre imagination. Jamais Obenreizer et moi n’avons été meilleurs amis qu’à présent.

Avant que Marguerite n’eût pu répondre, un pas sonore et le poids d’un corps majestueux firent trembler le parquet de la pièce voisine, et Madame Dor apparut.

— Obenreizer, — dit-elle.

Puis elle se laissa tomber lourdement sur une chaise, à sa place ordinaire, devant le poêle.

Obenreizer entra avec un sac de courrier qu’il portait en bandoulière.

— Êtes-vous prêt ? — demanda-t-il à Vendale. — Puis-je porter quelque chose pour vous ?… Eh quoi ! n’avez-vous point un sac de voyage ? Je viens d’en acheter un. Regardez. Ici est la poche aux papiers. Elle est à votre service.