Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/147

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Comment pourriez-vous répondre ?… Comment le savez-vous ?

— Par ce qui m’a été dit depuis mon enfance.

— Oh ! de cette façon, je suis aussi éclairé sur moi que vous-même.

— Et puis, — ajouta Vendale, suivant sa pensée, — par mes premiers souvenirs.

— Moi aussi ; j’en sais donc autant sur Obenreizer que vous en savez sur Vendale… si cela s’appelle savoir.

— Vous n’êtes donc pas content de ce que vous savez, et tout cela ne vous suffit point ?

— Il faut bien que cela me suffise et que je sois content. Quand on a dit : « il faut », on a tout dit sur notre petite terre. Deux mots bien courts mais plus forts que tous les raisonnements et que toutes les phrases !

— Vous êtes né dans la même année que ce pauvre Wilding, vous étiez du même âge, — dit Vendale, en le regardant encore d’un air pensif, tandis qu’Obenreizer recommençait à marcher dans l’appartement.

— Oui, du même âge.

Obenreizer était-il donc celui que Wilding avait cherché ? Dans cette théorie sur l’étroitesse du monde, qui revenait sans cesse sur ses lèvres, n’y avait-il pas un sens plus subtil qu’il n’en avait l’air ?

Cette lettre de Suisse qui le recommandait à la maison Wilding et Co., n’avait-elle suivi de si près la révélation de Madame Goldstraw que parce que l’enfant, victime de l’erreur et de l’injustice, allait paraître ?