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— Point du tout, nous continuons notre route.

— Nous continuons…

— Mais oui, à travers les Alpes jusqu’à Milan.

Obenreizer cessa de fumer pour regarder Vendale, il regarda les pierres du chemin à ses pieds.

— J’ai la responsabilité d’une chose très sérieuse, — dit-il. — Plusieurs de ces modèles de quittances imprimées ont été soustraits dans la caisse de Defresnier et Cie., ils peuvent servir à un terrible usage. On me supplie de ne point perdre de temps pour aider la maison à s’assurer du voleur ; rien ne me ferait revenir en arrière.

— Vrai ? — s’écria Obenreizer, ôtant son cigare de sa bouche pour y dessiner plus aisément un sourire, et, tendant la main à son compagnon : — Eh bien ! rien ne me fera retourner en arrière, moi non plus. Allons ! guide, dépêchons !

Ils voyagèrent de nuit. Il était tombé beaucoup de neige ; elle était en partie glacée ; ils n’allaient guère plus vite que des piétons. C’étaient sans cesse de nouvelles stations pour laisser reposer les chevaux épuisés qui se débattaient dans la neige ou dans la boue. Une heure après le lever du jour, on faisait halte à la porte d’une auberge de Neufchâtel, ayant mis vingt-huit heures à parcourir quatre-vingt milles Anglais environ.

Dès qu’ils se furent lavés et restaurés quelque peu, nos deux voyageurs se rendirent ensemble à la maison de Defresnier et Cie. Là, ils trouvèrent la lettre annoncée par le voiturier, renfermant les modèles d’écriture qui devaient servir à faire reconnaître le faus-