Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/171

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valle, et, lorsqu’il cessait, les flocons s’épaississaient à vue d’œil.

Il y avait environ deux heures que nos voyageurs étaient captifs dans cette terrible prison. Obenreizer, tantôt grimpant, tantôt rampant, la tête baissée, le corps touchant la voûte, commença de travailler avec des efforts désespérés à se frayer un chemin au dehors. Vendale le suivait comme toujours. Chose étrange ! il imitait son compagnon, sans bien savoir ce qu’il faisait. Sa raison semblait le quitter encore une fois.

La même léthargie qu’à Bâle s’emparait de lui peu à peu et maîtrisait ses sens.

Combien de temps avait-il suivi Obenreizer hors de la galerie ? Combien d’obstacles avait-il franchis derrière ses pas ?… Il s’éveilla tout à coup, avec la conscience qu’Obenreizer s’était étroitement attaché à lui et qu’une lutte désespérée s’engageait entre eux dans la neige. Obenreizer tirait de sa ceinture ce poignard qui ne le quittait jamais, il frappa. La lutte s’engagea de nouveau plus désespérée, plus ardente. Vendale frappa encore une fois, repoussa son adversaire et se retrouva bientôt face à face avec lui… puis terrassé, gisant sur la neige.

— J’ai promis de vous conduire au but de votre voyage, — dit Obenreizer, — j’ai tenu ma promesse. C’est ici que va finir le voyage de votre vie. Rien ne peut la prolonger. Prenez garde, vous allez glisser si vous essayez de vous lever.

— Vous êtes un misérable !… Que vous ai-je fait ?

— Vous êtes un être stupide. J’ai versé un narco-