Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont les meilleures qu’on puisse avoir, — répliqua-t-elle, — J’ai pensé que je vous épargnerais du temps et de la peine en prenant par écrit le nom et l’adresse des correspondants de cette dame, et je vous les ai apportés, monsieur.

Elle déposa une carte sur la table.

— Madame Goldstraw, — dit Wilding en prenant la carte, — vous me rappelez étrangement… Vous me rappelez des manières et un son de voix auxquels j’ai été accoutumé jadis… Oh ! j’en suis sûr, bien que je ne puisse déterminer en ce moment ce qui se passe dans mon esprit… Mais votre air et votre attitude sont ceux d’une personne… Je devrais ajouter que cette personne était bonne et charmante.

Madame Goldstraw sourit.

— Eh bien ! monsieur, — dit-elle, — j’en suis ravie.

— Oui, — reprit Wilding, répétant tout pensif ce qu’il venait de dire, — oui, charmante et bonne.

En même temps il jetait un regard à la dérobée sur sa future femme de charge.

— Mais sa grâce et sa bonté, c’est tout ce que je me rappelle. La mémoire est fugitive, et le souvenir est quelquefois comme un rêve à demi effacé. Je ne sais ce que vous pensez à ce sujet, Madame Goldstraw, mais c’est mon sentiment à moi.

Il est probable que c’était aussi le sentiment de Madame Goldstraw, car elle répondit par un signe d’assentiment. Wilding lui offrit de la mettre lui-même en communication immédiate avec le gentleman dont elle lui avait remis la carte ; c’était un homme d’af-