Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/84

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que point du tout mon assentiment aux mesures que j’ai consenti à prendre. Je m’y prête, je ne les approuve peut-être point, et, dans tous les cas, je n’entends pas que l’on puisse confondre ma complaisance avec mon opinion professionnelle.

En parlant ainsi, Bintrey s’adressait autant à Wilding qu’à Vendale. Certes il croyait devoir beaucoup de déférence à son client et il lui en accordait un peu. Cependant Wilding, par-dessus tout, l’amusait. Bintrey ne pouvait croire à une conduite si extravagante, à un désintéressement si singulier ; le don-quichottisme du jeune négociant lui semblait une chose réjouissante autant que rare, aussi ne pouvait-il s’empêcher de le regarder de temps en temps avec des yeux qui clignotaient et avec une curiosité très-vive mêlée quelquefois d’une forte envie de sourire.

— Tout ce que vous venez de dire est fort clair ! — soupira Wilding. — Plût à Dieu que mes idées fussent aussi limpides que les vôtres, Monsieur Bintrey.

— Remettez-le, remettez-le… si vous sentez que vos étourdissements vont revenir ! — s’écria Bintrey épouvanté. — Remettez-le, remettez-le….

— Remettez quoi ? — fit Vendale.

— L’entretien ! je veux parler de cet entretien… Si vos bourdonnements, Monsieur Wilding…

— Non, non, n’ayez pas peur, — répliqua le jeune négociant.

— Je vous en prie, ne vous excitez pas ! — continua Bintrey…

— Je suis parfaitement calme, — reprit Wilding, —