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occasion, — disait Bintrey, — nous la saisirons aux cheveux… sinon… Eh bien, réunissons-nous pour une autre consultation au premier anniversaire de la mort de Wilding.

Tel fut l’avis de l’homme d’affaires. C’est ainsi que Vendale, bien qu’animé du plus sérieux désir de remplir le vœu de l’ami qu’il avait perdu, fut contraint de laisser, pour le moment, dormir cette affaire.

Abandonnant donc les intérêts du passé pour songer à ceux de l’avenir, le jeune homme voyait devant ses yeux cet avenir de plus en plus incertain. Des mois s’étaient écoulés depuis sa première visite à Soho Square, et jusqu’alors le seul langage dont il eût pu se servir pour faire comprendre à Marguerite qu’il l’aimait, avait été celui des yeux, fortifié quelquefois d’un rapide serrement de mains. Quel était donc l’obstacle qui s’opposait à l’avancement de ses espérances ? Toujours le même. Les occasions se présentaient en vain, et Vendale avait beau redoubler d’efforts pour arriver à causer seul à seul un moment avec Marguerite, toutes ses tentatives se terminaient par le même déboire et le même accident. À l’instant favorable Obenreizer trouvait le moyen d’être là.

Que faire ? On était aux derniers jours de l’année. Vendale crut avoir, enfin, rencontré un hasard propice, et il se jura, cette fois, d’en profiter pour entretenir la jeune Suissesse. Il venait de recevoir un billet tout cordial d’Obenreizer qui le conviait, à l’occasion du nouvel an, à un petit dîner de famille dans Soho Square.