Page:Dickens - Le Mystère d'Edwin Drood, 1880.djvu/178

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l’atteignît, il courut sur Deputy, le saisit au collet, et voulut l’entraîner.

Mais Deputy ne se sentit pas plutôt pris à la gorge qu’il recroquevilla ses jambes et força son assaillant à le tenir suspendu en l’air.

En même temps il râlait et son corps s’agitait et se tordait comme s’il sentait déjà les premières angoisses de l’étranglement.

Jasper le laissa retomber.

Immédiatement Deputy revient à lui, cherche une protection en se retranchant derrière Durdles, et se met à crier à son assaillant, en serrant ses méchantes lèvres :

« Je vous aveuglerai, je vous crèverai les yeux à coups de pierres ! »

Et en même temps, il se préparait, si son ennemi fondait sur lui, à s’enfuir en décrivant tous les détours possibles pour lui échapper, quitte, s’il se voyait au moment d’être pris, à se rouler dans la poussière en criant :

« Maintenant frappez-moi, quand je suis par terre !

— Ne faites pas de mal à cet enfant, monsieur Jasper, dit Durdles, en s’interposant. Revenez à vous.

— Il nous a suivis ce soir, quand nous avons passé ici, la première fois !

— Ce n’est pas vrai !… je ne vous ai pas suivis, répliqua Deputy, employant sa forme de dénégation la plus polie.

— Il n’a cessé de rôder autour de nous.

— Ce n’est pas vrai !… Je ne venais juste que de sortir et de prendre l’air, pour ma santé, quand je vous ai vus près de la cathédrale, et si…

— Je t’y prends.

— Il est plus de dix heures, ajouta-t-il, reprenant sa mélopée et sa danse habituelle, tout en s’abritant toujours derrière Durdles. Est-ce ma faute ?

— Reconduisez-le chez lui, répliqua Jasper avec fureur, tout en faisant un violent effort pour se contenir, et débarrassez-moi de la présence de ce drôle. »

Deputy, après avoir fait entendre un nouveau coup de sifflet pour exprimer sa satisfaction, laissa passer Durdles devant lui et se mit à chasser ce respectable personnage à