Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/107

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— Elle était assise dans une voiture de velours noir, » répondis-je.

M. Pumblechook et ma sœur se regardèrent tout étonnés, comme ils en avaient le droit, et répétant tous deux :

« Dans une voiture de velours noir ?

— Oui, répondis-je. Et miss Estelle, sa nièce, je pense, lui tendait des gâteaux et du vin par la portière, sur un plateau d’or, et nous eûmes tous du vin et des gâteaux sur des plats d’or, et je suis monté sur le siège de derrière pour manger ma part, parce qu’elle me l’avait dit.

— Y avait-il là d’autres personnes ? demanda mon oncle.

— Quatre chiens, dis-je.

— Gros ou petits ?

— Énormes ! m’écriai-je ; et ils se sont battus pour avoir quatre côtelettes de veau, renfermées dans un panier d’argent.

Mrs  Joe et M. Pumblechook se regardèrent de nouveau avec étonnement. J’étais tout à fait monté, complètement indifférent à la torture, et je comptais leur en dire bien d’autres.

« Où était cette voiture, au nom du ciel ? demanda ma sœur.

— Dans la chambre de miss Havisham. »

Ils se regardèrent encore.

« Mais il n’y avait pas de chevaux, ajoutai-je, en repoussant avec force l’idée des quatre coursiers richement caparaçonnés, que j’avais eu d’abord la singulière pensée d’y atteler.

— Est-ce possible, mon oncle ? demanda Mrs  Joe ; que veut dire cet enfant ?

— Je vais vous l’expliquer, ma nièce, dit M. Pum-