Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/206

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d’une façon interrogative, et il étendait son index vers M. Wopsle.

« Allons, dit-il, le savez-vous ou ne le savez-vous pas ?

— Certainement, je le sais, répondit M. Wopsle.

— Alors, pourquoi ne l’avez-vous pas dit tout de suite ? Je vais vous faire une autre question, continua l’étranger, en s’emparant de M. Wopsle, comme s’il avait des droits sur lui : Savez-vous qu’aucun des témoins n’a encore subi de contre-interrogatoire ? »

M. Wopsle commençait :

« Tout ce que je puis dire, c’est que… »

Quand l’étranger l’arrêta.

« Comment, vous ne pouvez pas répondre : oui ou non !… Je vais vous éprouver encore une fois. »

Il étendit son doigt vers lui.

« Attention ! Savez-vous ou ne savez-vous pas qu’aucun des témoins n’a encore subi de contre-interrogatoire ?… Allons, je ne vous demande qu’un mot : Oui ou non ? »

M. Wopsle hésita, et nous commencions à avoir de lui une assez pauvre opinion.

« Allons, dit l’étranger, je viens à votre secours ; vous ne le méritez pas, mais j’y viens. Jetez un coup d’œil sur ce papier que vous tenez à la main. Qu’est-ce que c’est ?

— Qu’est-ce que c’est ? répéta M. Wopsle interloqué.

— Est-ce, continua l’étranger, d’un ton sarcastique et soupçonneux, est-ce le papier imprimé dans lequel vous venez de lire ?

— Sans doute.

— Sans doute. Maintenant, revenons à ce journal, et dites-moi s’il constate que le prisonnier a dit positi-