Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/207

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vement que ses conseils légaux lui avaient conseillé de réserver sa défense ?

— J’ai lu cela tout à l’heure, commença M. Wopsle.

— Qu’importe ce que vous avez lu ? Vous pouvez lire le Pater à rebours si cela vous fait plaisir, et cela a dû vous arriver plus d’une fois. Cherchez dans le journal… Non, non, non mon ami, pas en haut de la colonne, vous devez bien le savoir ; en bas, en bas. »

Nous commencions tous à voir en M. Wopsle un homme rempli de subterfuges.

« Eh bien ! y êtes-vous ?

— Voici, dit M. Wopsle.

— Bien. Suivez maintenant le passage et dites-moi s’il annonce positivement que le prisonnier a dit que ses conseils légaux lui ont conseillé de réserver sa défense. Allons ! y a-t-il de cela ?

— Ce ne sont pas là les mots exacts, répondit M. Wopsle.

— Pas les mots exacts, soit, répéta l’inconnu avec amertume, mais est-ce bien la même substance ?

— Oui, dit M. Wopsle.

— Oui ! répéta l’étranger en promenant son regard sur la compagnie et tenant sa main étendue vers le témoin Wopsle ; et maintenant je vous demande ce que vous pensez d’un homme qui, ayant ce passage sous les yeux, peut s’endormir tranquillement après avoir déclaré coupable un de ses semblables, sans même l’avoir entendu ? »

Nous nous mîmes tous à soupçonner que M. Wopsle n’était pas du tout l’homme que nous avions pensé jusque-là, et que la vérité sur son compte commençait à se faire jour.

« Et souvenez-vous que ce même homme, continua l’étranger en dirigeant lourdement son doigt vers