Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/213

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— Je le pense bien ! Maintenant, monsieur Pip, j’ai fini d’énumérer mes stipulations. »

Bien qu’il m’appelât M. Pip et commençât à me traiter en homme, il ne pouvait se débarrasser d’un certain air important et soupçonneux ; il fermait même de temps en temps les yeux et jetait son doigt de mon côté tout en parlant, comme pour me faire comprendre qu’il savait sur mon compte bien des choses dont il ne tenait qu’à lui de parler.

« Nous arrivons, maintenant, dit-il, aux détails de l’arrangement. Vous devez savoir que, quoique je me sois servi plus d’une fois du mot : espérances, on ne vous donnera pas que des espérances seulement. J’ai entre les mains une somme d’argent qui suffira amplement à votre éducation et à votre entretien. Vous voudrez bien me considérer comme votre tuteur. Oh ! ajouta-t-il, comme j’allais le remercier, sachez une fois pour toutes qu’on me paye mes services et que sans cela je ne les rendrais pas. Il faut donc que vous receviez une éducation en rapport avec votre nouvelle position, et j’espère que vous comprendrez la nécessité de commencer dès à présent à acquérir ce qui vous manque. »

Je répondis que j’en avais toujours eu grande envie.

« Il importe peu que vous en ayez toujours eu l’envie, monsieur Pip, répliqua M. Jaggers, pourvu que vous l’ayez maintenant. Me promettez-vous que vous êtes prêt à entrer de suite sous la direction d’un précepteur ? Est-ce convenu ?

— Oui, répondis-je, c’est convenu.

— Très-bien. Maintenant, il faut consulter vos inclinations. Je ne trouve pas que ce soit agir sagement ; mais je fais ce qu’on m’a dit de faire. Avez-vous en-