Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/254

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aviez à faire. Dites un mot… un seul mot de plus… et Wemmick va vous rendre votre argent. »

Cette terrible menace nous débarrassa immédiatement des deux femmes. Il ne restait plus personne que le juif irritable qui avait déjà, à plusieurs reprises, porté à ses lèvres le pan de l’habit de M. Jaggers.

« Je ne connais pas cet homme, dit M. Jaggers toujours du même ton peu engageant. Que veut cet individu ?

— Mon zer monzieur Zazzerz, ze zuis frère d’Abraham Lazaruz !

— Qu’est-ce ? dit M. Jaggers ; lâchez mon habit. »

L’homme ne lâcha prise qu’après avoir encore une fois baisé le pan de l’habit de M. Jaggers, et il répliqua :

« Abraham Lazaruz, zoupzonné pour l’arzenterie.

— Trop tard ! dit M. Jaggers, trop tard ! je suis pour l’autre partie !…

— Saint père ! monzieur Zazzerz… trop tard !… s’écria l’homme nerveux en pâlissant, ne dites pas que vous êtes contre Abraham Lazaruz !

— Si… dit M. Jaggers, et c’est une affaire finie… Allez vous-en !

— Monzieur Zazzerz, seulement une demi-minute. Mon couzin est en ce moment auprès de M. Wemmick pour lui offrir ce qu’il voudra. Monzieur Zazzerz ! un quart de minute. Si vous avez reçu de l’autre partie une somme d’argent, quelle qu’elle soit, l’argent ne fait rien ! Monzieur Zazzerz !… Monzieur !… »

Mon tuteur se débarrassa de l’importun avec un geste de suprême indifférence et le laissa se trémousser sur le pavé comme s’il eût été chauffé à blanc. Nous gagnâmes la maison sans plus d’interruption. Là, nous trouvâmes le clerc et l’homme en veste de velours et en casquette garnie de fourrures.