Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/301

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C’était une si grande chute, que je dis tout désappointé :

« Oh ! plus que cela.

Plus que cela ? Eh ?… dit M. Jaggers, en se posant pour attendre ma réponse, les mains dans ses poches, la tête de côté et les yeux fixés sur le mur qui était derrière moi : combien de plus ?

— Il est si difficile de fixer une somme, dis-je en hésitant.

— Allons, dit M. Jaggers, arrivons-y : deux fois cinq, est-ce assez ?… trois fois cinq, est-ce assez ?… quatre fois cinq, est-ce assez ?… »

Je dis que je pensais que ce serait magnifique.

« Quatre fois cinq feront magnifiquement votre affaire, vraiment ! dit M. Jaggers en fronçant les sourcils, et que faites-vous de quatre fois cinq ?

— Ce que j’en fais ?

— Ah ! dit M. Jaggers, combien ?

— Je suppose que vous en faites vingt livres, dis-je en souriant.

— Ne vous inquiétez pas de ce que j’en fais, mon ami, observa M. Jaggers, en secouant et en agitant sa tête d’une manière contradictoire ; je veux savoir ce que vous en ferez, vous ?

— Vingt livres naturellement !

— Wemmick ! dit M. Jaggers en ouvrant la porte de son cabinet, prenez le reçu de M. Pip et comptez-lui vingt livres. »

Cette manière bien accusée de traiter les affaires me fit une impression très-profonde, et qui n’était pas des plus agréables. M. Jaggers ne riait jamais, mais il portait de grandes bottes luisantes et craquantes, et en appuyant ses mains sur ses bottes, avec sa grosse tête penchée en avant et ses sourcils rapprochés pour at-