Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/89

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« Pumblechook.

— Très-bien ! » répondit la voix.

Puis la fenêtre se referma, et une jeune femme traversa la cour avec un trousseau de clefs à la main.

« Voici Pip, dit M. Pumblechook.

— Ah ! vraiment, répondit la jeune femme, qui était fort jolie et paraissait très-fière. Entre, Pip. »

M. Pumblechook allait entrer aussi quand elle l’arrêta avec la porte :

« Oh ! dit-elle, est-ce que vous voulez voir miss Havisham ?

— Oui, si miss Havisham désire me voir, répondit M. Pumblechook désappointé.

— Ah ! dit la jeune femme, mais vous voyez bien qu’elle ne le désire pas. »

Elle dit ces paroles d’une façon qui admettait si peu d’insistance que, malgré sa dignité offensée, M. Pumblechook ne put protester, mais il me lança un coup d’œil sévère, comme si je lui avais fait quelque chose ! et il partit en m’adressant ces paroles de reproche :

« Mon garçon, que ta conduite ici fasse honneur à ceux qui t’ont élevé à la main ! »

Je craignais qu’il ne revînt pour me crier à travers la grille :

« Et seize ?… »

Mais il n’en fit rien.

Ma jeune introductrice ferma la grille, et nous traversâmes la cour. Elle était pavée et très-propre ; mais l’herbe poussait entre chaque pavé. Un petit passage conduisait à la brasserie, dont les portes étaient ouvertes. La brasserie était vide et hors de service. Le vent semblait plus froid que dans la rue, et il faisait entendre en s’engouffrant dans les ouvertures de la