Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/140

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reuse de marin, qui lui donnait l’air d’un marchand de perroquets ou de cigares, je discutai ensuite avec lui le vêtement qu’il pourrait mettre le plus convenablement. Il avait une foi extraordinaire dans la vertu des culottes courtes comme déguisement, et il avait, dans son idée, esquissé un costume qui devait faire de lui quelque chose tenant le milieu entre un doyen et un dentiste. Ce fut après des difficultés extrêmes que je l’amenai à prendre des habits qui lui donnèrent l’air d’un fermier aisé ; et il fut convenu qu’il se ferait couper les cheveux courts, et qu’il se mettrait un peu de poudre. Enfin, comme il n’avait encore été vu, ni de ma femme de ménage ni de sa nièce, nous conclûmes qu’il devait se dérober à leurs regards, jusqu’à ce que son changement de costume fût complet.

Il semblait qu’il était bien simple de prendre une décision sur ces précautions ; mais dans l’état d’éblouissement, pour ne pas dire de folie où je me trouvais, je n’en vins à bout que vers deux ou trois heures de l’après-midi. Il devait rester enfermé dans l’appartement pendant que je serais sorti, et n’ouvrir la porte sous aucun prétexte.

Il y avait à ma connaissance, dans Essex Street, une maison meublée convenable, dont les derrières donnaient sur le Temple, et étaient presque à portée de voix de ma fenêtre. C’est à cette maison que je me rendis tout d’abord, et je fus assez heureux pour retenir le second étage pour mon oncle, M. Provis. Je fus ensuite de boutique en boutique pour les achats nécessaires à son déguisement. La chose faite, je me rendis pour mon propre compte à la Petite Bretagne. M. Jaggers était à son bureau ; mais, en me voyant entrer, il se leva immédiatement et se fut mettre auprès du feu.

« Maintenant, Pip, dit-il, soyez circonspect.