Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/155

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« Haendel ! dit Herbert en s’arrêtant, vous êtes bien convaincu que vous ne pouvez plus accepter d’autres bienfaits de lui, n’est-ce pas ?

— Parfaitement… Assurément, vous le seriez aussi, si vous étiez à ma place.

— Et vous êtes convaincu que vous devez rompre avec lui ?

— Herbert, pouvez-vous me le demander !

— Et vous avez et êtes obligé d’avoir assez de tendresse pour la vie qu’il a risquée pour vous, pour comprendre que vous devez l’empêcher, s’il est possible, de la risquer en pure perte… Alors, vous devez le faire sortir d’Angleterre avant de bouger un doigt pour vous tirer vous-même d’embarras. Une fois cela fait, au nom du ciel ! tâchez de vous tirer d’affaire, et nous verrons cela ensemble, mon cher et bon camarade. »

Ce fut une consolation de se serrer les mains là-dessus, et de marcher encore de long en large n’ayant que cela de fait.

« Maintenant, Herbert, dis-je, pour tâcher d’apprendre quelque chose de son histoire, je ne connais qu’un moyen : c’est de la lui demander de but en blanc.

— Oui… demandez-la-lui, dit Herbert, quand nous serons réunis à déjeuner demain matin. »

En effet, il avait dit, en quittant Herbert, qu’il viendrait déjeuner avec nous.

Après avoir arrêté ce projet, nous allâmes nous coucher. J’eus les rêves les plus étranges, et je m’éveillai sans m’être reposé. En m’éveillant, je repris aussi la crainte que j’avais perdue pendant la nuit, de le voir découvert et arrêté pour rupture de ban. Une fois éveillé, cette crainte ne me quitta plus.

Provis arriva à l’heure convenue, tira son coutelas et se mit à table. Il avait fait les plus beaux projets pour