Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/167

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de la cause, si jamais on l’y voit, est seulement soupçonné ; l’autre, le plus âgé, qu’on voit toujours agir dans ces mêmes affaires, mène le crime au logis. Pouvez-vous balancer, s’il n’y a qu’un coupable dans cette affaire, à dire lequel ce doit être ? et, s’il y en a deux, lequel est pire que l’autre ? »

« Et ainsi de suite, et quand on arriva aux antécédents, il se trouva que Compeyson avait été en pension, que ses camarades de pension étaient dans telle ou telle position ; plusieurs témoins l’avaient connu au club et dans le monde, et n’avaient que de bons renseignements à donner sur lui.

« Quant à moi, j’étais en récidive et l’on m’avait vu constamment par voies et chemins, dans les maisons de correction et sous clef.

« Quand vint le moment de parler aux juges, qui donc, sinon Compeyson, leur parla, en laissant retomber de temps en temps son visage dans son mouchoir blanc, et avec des vers dans son discours encore ! Moi, je pus seulement dire :

« — Messieurs, cet homme, qui est à côté de moi, est le plus fameux scélérat… »

« Quand vint le verdict, ce fut pour Compeyson qu’on réclama l’indulgence, en conséquence de ses bons antécédents, de la mauvaise compagnie qu’il avait fréquentée, et aussi en considération de toutes les informations qu’il avait données contre moi.

« Moi je n’entendis d’autre mot que le mot : coupable !

« Et quand je dis à Compeyson :

« — Une fois sorti du tribunal, je t’écraserai le visage, misérable ! »

« Ce fut Compeyson qui demanda protection au juge et l’on mit deux geôliers entre nous.