Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/193

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der que ses sentiments de Walmorth. Ce fut pour moi un grand soulagement de sortir de la chambre où j’avais passé la nuit si misérablement, et il ne fut pas nécessaire de frapper deux fois à la porte pour me faire sauter de ce lit d’inquiétudes.

À huit heures, j’étais en vue des murs du château. La petite servante entrait justement dans la forteresse avec deux petits pains chauds. Je passai la poterne et franchis le pont-levis, en même temps qu’elle. J’arrivai ainsi sans être annoncé, pendant que Wemmick préparait le thé pour lui et pour son père. Une porte ouverte m’offrait en perspective le vieux au lit.

« Tiens ! monsieur Pip, dit Wemmick, vous êtes donc revenu ?

— Oui, répondis-je, mais je ne suis pas rentré chez moi.

— C’est très-bien ! dit-il en se frottant les mains, j’ai laissé un mot pour vous à chacune des portes du Temple, à tout hasard. Par quelle porte êtes-vous entré ? »

Je le lui dis :

« J’irai à toutes les autres dans la journée, dit Wemmick, et je détruirai les lettres. C’est une bonne règle de ne jamais laisser de preuves écrites, quand on peut l’éviter, parce qu’on ne sait jamais si cela ne servira pas contre soi un jour. Je vais prendre une liberté avec vous. Vous est-il égal de faire cuire cette saucisse pour le vieux ? »

Je répondis que je serais enchanté de le faire.

« Alors, vous pouvez aller à votre ouvrage, Mary Anne, dit Wemmick à la petite servante, ce qui nous laisse seuls, vous voyez, monsieur Pip, » ajouta-t-il en clignant de l’œil pendant qu’elle s’éloignait.

Je le remerciai de son amitié et de sa prudence, et