Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/198

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la carrière d’Herbert à son insu, j’avais supporté l’indifférence de sa fiancée avec une joyeuse philosophie. Lui et elle, de leur côté, n’avaient pas été très-désireux d’introduire une troisième personne dans leurs entrevues, et, bien que j’eusse l’assurance de m’être depuis élevé dans l’estime de Clara, et que la jeune dame et moi échangions depuis quelque temps des messages et des souvenirs, par l’entremise d’Herbert, je ne l’avais néanmoins jamais vue. Quoi qu’il en soit, je ne fatiguais pas Wemmick avec ces détails.

« M. Herbert me demanda, dit Wemmick, si la maison aux fenêtres cintrées qui se trouve à côté de la rivière, dans l’espace compris entre Limehouse et Greenwich, et qui est tenue, à ce qu’il paraît, par une très-respectable veuve, qui a un des étages supérieurs à louer, ne pourrait pas, selon moi, servir de retraite momentanée à Tom, Jack, ou Richard ? Je trouvai cela très-convenable pour trois raisons que je vais vous donner : primo, c’est loin de votre quartier et loin de l’agglomération ordinaire des rues grandes ou petites ; secundo, sans en approcher vous-même, vous pourriez toujours être à portée d’avoir de nouvelles de Tom, Jack ou Richard, par M. Herbert ; tertio, après un certain temps, et quand cela sera prudent, si vous voulez glisser Tom, Jack, ou Richard à bord de quelque paquebot étranger, c’est tout près. »

Réconforté par ces considérations, je remerciai Wemmick à plusieurs reprises, et je le priai de continuer.

« Eh bien ! monsieur, M. Herbert se jeta dans l’affaire avec une ferme volonté, et vers neuf heures, hier soir, il installait Tom, Jack, ou Richard, n’importe lequel, ni vous ni moi n’avons besoin de le savoir, dans la maison avec le plus grand succès. À l’ancien