Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/238

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— Trop vrai.

— Pip, ne puis-je donc vous servir qu’en rendant service à votre ami ? En considérant cela comme fait, n’y a-t-il rien que je puisse faire pour vous ?

— Rien. Je vous remercie pour cette question, et je vous remercie davantage encore pour la manière dont vous me la faites, mais il n’y a rien que vous puissiez faire pour moi. »

Alors elle se leva de sa chaise et chercha, dans la chambre délabrée, ce qu’il fallait pour écrire. Ne trouvant rien, elle tira de sa poche plusieurs tablettes d’ivoire jaune, montées sur or terni, et écrivit dessus avec un crayon qu’elle prit dans un étui en or terni qui pendait à son cou.

« Vous êtes toujours dans de bons termes avec M. Jaggers ?

— Très-bons, j’ai dîné avec lui hier.

— Ceci est une autorisation pour qu’il vous paye cet argent que vous dépenserez pour votre ami comme vous l’entendrez, sans en être responsable. Je ne garde pas d’argent ici ; mais si vous préférez que Jaggers ne sache rien de l’affaire, je vous l’enverrai.

— Je vous remercie, miss Havisham, je n’ai pas la moindre objection à recevoir cet argent des mains de M. Jaggers. »

Elle me lut ce qu’elle avait écrit. C’était clair et précis, et évidemment rédigé de manière à empêcher tout soupçon que je voulais tirer profit de l’argent que je recevais. Je pris les tablettes de sa main. Elle tremblait encore, et elle trembla encore davantage lorsqu’elle ôta la chaîne à laquelle le crayon était attaché et la mit dans la mienne, le tout sans me regarder.

« Mon nom est sur la première feuille. Si vous pouvez jamais écrire sous mon nom : « Je lui pardonne, »