Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/245

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je vis voler dans l’air enfumé des flammèches et des morceaux encore allumés, qui un moment auparavant, avaient été sa robe de noce fanée.

Alors je regardai autour de moi, et je vis les perce-oreilles et les araignées courant en désordre sur le plancher, et les domestiques qui arrivaient hors d’haleine en poussant des cris à la porte. Je tenais miss Havisham de toutes mes forces, malgré elle, comme un prisonnier qui pouvait s’échapper, et je ne suis pas certain si je savais qui elle était, pourquoi nous luttions, qu’elle avait été en flammes et que les flammes étaient éteintes, jusqu’au moment où je vis que les flammèches qui avaient été sur ses vêtements n’étaient plus allumées mais tombaient en pluie noire autour de nous.

Elle était insensible, et je craignais de la remuer ou même de la toucher. On envoya chercher des secours et je la tins jusqu’à ce qu’il arrivât, comme si je m’imaginais follement (je crois que je le fis) que si je la laissais aller le feu allait reparaître et la consumer. Quand je me levai, à l’arrivée du médecin et de son aide, je fus surpris de voir que j’avais les deux mains brûlées, car je n’avais senti aucune douleur.

L’examen montra qu’elle avait reçu des blessures sérieuses, mais qui, par elles-mêmes, étaient loin d’ôter tout espoir. Le danger résidait surtout dans la violence de la secousse morale. D’après l’ordre du médecin, on établit miss Havisham sur la grande table qui justement convenait parfaitement pour le pansement de ses blessures. Quand je la revis, une heure après, elle était réellement couchée où je l’avais vue frapper avec sa canne, et où je lui avais entendu dire qu’elle serait couchée un jour.

Bien que tous les vestiges de ses vêtements de fête