Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/277

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cette menace pouvait être mise à exécution, je cédai et j’essayai de dégager mon bras, si peu que ce fût, mais il était trop serré, il me semblait qu’après avoir été brûlé d’abord, on le faisait bouillir maintenant.

Des ténèbres absolues ayant succédé tout à coup à l’obscurité douteuse de la nuit, m’avertirent que l’homme avait fermé un volet. Après avoir cherché à tâtons pendant un instant, il trouva la pierre à fusil et le fer dont il avait besoin, et il commença à battre le briquet. Je fixai ma vue sur les étincelles ; elles tombaient sur une mèche sur laquelle il soufflait, une allumette à la main ; mais je ne pouvais voir que ses lèvres et le point bleu de l’allumette, et encore je me les figurais plus que je ne les voyais. La mèche était humide, ce qui n’était pas étonnant dans cet endroit, et les étincelles s’éteignaient les unes après les autres.

L’homme ne semblait pas pressé, et il continuait de frapper la pierre à fusil et le fer. Comme les étincelles tombaient en grand nombre autour de lui, je pus voir ses mains, qui touchaient presque sa figure, et supposer qu’il était assis et penché sur la table, mais rien de plus. Bientôt je vis ses lèvres bleues souffler de nouveau sur la mèche, et alors un éclat de lumière jaillit, et me montra Orlick.

Qui m’étais-je attendu à voir ? Je ne sais pas, mais ce n’était pas lui. En le voyant, je sentis que j’étais réellement dans une passe dangereuse et je tins mes yeux fixés sur lui.

Il alluma résolûment la chandelle avec l’allumette enflammée, puis il la laissa tomber et mit le pied dessus. Ensuite il mit la chandelle à une certaine distance de lui sur la table, de sorte qu’il pouvait me voir, et il s’assit sur la table les bras croisés et me regarda. Je découvris que j’étais lié à une forte échelle perpendi-