Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dégager du milieu d’un amas d’hommes, franchir la table d’un bond, comme une trombe, et disparaître dans l’obscurité.

Après un certain temps, je revins à moi, et je me trouvai couché, dégagé de mes liens, sur le plancher, la tête appuyée sur les genoux de quelqu’un. Mes yeux étaient fixés sur l’échelle dressée contre le mur. Ainsi en reprenant connaissance, j’appris que j’étais encore à l’endroit où je l’avais perdue.

Trop indifférent d’abord, même pour regarder qui me soutenait, je restais étendu regardant l’échelle, quand une figure vint se placer entre elle et moi. C’était la figure du garçon de Trabb.

« Je crois qu’il est mieux, dit le garçon de Trabb d’une voix douce. Mais comme il est encore pâle, hein ! »

À ces mots, le visage de celui qui me soutenait vint se placer devant le mien, et je vis que celui qui me soutenait était mon ami.

« Herbert !… bon Dieu ?

— Doucement, dit Herbert, doucement, Haendel, ne vous agitez pas.

— Et notre vieux camarade Startop ! m’écriai-je, comme lui aussi se penchait sur moi.

— Souvenez-vous de l’affaire pour laquelle il va nous aider, dit Herbert, et soyez calme. »

Cette allusion me fit redresser ; mais la douleur que me causa mon bras me fit retomber.

« Le moment n’est pas passé, Herbert, n’est-ce pas ? Quel jour sommes-nous ? Depuis combien de temps suis-je ici ? »

Car j’avais l’étrange et fatal sentiment que j’étais