Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/287

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resté étendu là pendant longtemps : un jour et une nuit, deux jours et deux nuits, peut-être plus.

« Le moment n’est pas passé, nous sommes encore à lundi soir.

— Dieu soit béni !…

— Et vous avez toute la journée de demain mardi pour vous reposer, dit Herbert. Mais vous ne cessez pas de gémir, mon cher Haendel, quelle blessure avez-vous ? Pouvez-vous vous tenir debout ?

— Oui, oui, dis-je, je puis marcher, je n’ai d’autre blessure que la douleur que me cause ce bras. »

Ils le mirent à nu, et firent tout ce qui était en leur pouvoir pour me soulager. Mon bras était considérablement enflé et enflammé, je pouvais à peine supporter qu’on y touchât, mais ils déchirèrent leurs mouchoirs pour me faire de nouveaux bandages, et le replacèrent soigneusement dans l’écharpe, jusqu’à ce que nous puissions gagner la ville et nous procurer une lotion calmante pour mettre dessus. En peu de temps, nous eûmes fermé la porte de la maison de l’écluse, que nous laissions sombre et déserte, et nous repassions par la carrière pour rentrer en ville. Le garçon de Trabb, maintenant le commis de Trabb, marchait en avant avec une lanterne. C’était sa lumière que j’avais vu paraître à la porte, mais la lune était beaucoup plus haute que la dernière fois que je l’avais vue ; le ciel et la nuit, bien que pluvieuse, étaient beaucoup plus clairs. La vapeur blanche de la chaux passait devant nous. Pendant que nous marchions, et comme auparavant j’avais mentalement fait une prière, je fis alors une action de grâces.

Suppliant Herbert de me dire comment il était venu à mon secours, ce que d’abord il avait positivement refusé de faire en me recommandant de rester tranquille,