Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/344

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c’était la personne qui avait envoyé la personne qui vous a donné les bank-notes aux Trois jolis bateliers, Pip.

— C’était bien cela, en effet.

— C’est surprenant ! dit Joe du ton le plus placide du monde.

— Avez-vous entendu dire qu’il était mort, Joe ? demandai-je ensuite avec une défiance croissante.

— Qui ?… Celui qui vous a envoyé les bank-notes, Pip ?…

— Oui.

— Je pense, dit Joe, après avoir réfléchi longtemps, et en regardant d’une manière évasive l’appui de la fenêtre, que j’ai entendu dire d’une manière ou d’une autre qu’il lui était arrivé quelque chose comme cela.

— Avez-vous appris quelque chose de sa vie, Joe ?

— Rien de particulier, Pip.

— S’il vous plaisait d’en apprendre, Joe…, commençai-je à dire, quand Joe se leva et vint à mon sofa.

— Voyez-vous, Pip, mon vieux camarade, dit-il, nous sommes toujours les meilleurs amis, n’est-ce pas, Pip ? »

J’étais gêné pour lui répondre.

« Très-bien, alors, dit Joe, comme si j’avais répondu, tout est pour le mieux, c’est convenu ; pourquoi entrer dans des explications qui, entre deux personnes comme nous, sont des sujets inutiles ? Il y a assez de sujets entre deux hommes comme nous, sans les sujets inutiles ! Dieu ! pensez à votre pauvre sœur et à ses colères, et ne vous souvenez-vous plus de son bâton ?

— Si fait, je m’en souviens, Joe.

— Voyez-vous, Pip, mon vieux camarade, dit Joe, je faisais tout ce que je pouvais pour mettre une séparation entre vous et le bâton ; mais mon pouvoir n’était