Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/345

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pas toujours égal à mes intentions, car lorsque votre pauvre sœur avait dans la tête l’idée de tomber sur vous, il était assez dans son habitude favorite de tomber sur moi, si je faisais de l’opposition, et de retomber ensuite encore plus lourdement sur vous ; j’ai souvent remarqué cela. Ce n’est pas en tiraillant la barbe d’un homme, ni en le secouant deux ou trois fois (ce dont votre sœur ne se privait pas) qu’on empêche un homme de se mettre entre un pauvre petit enfant et un châtiment ; mais quand ce pauvre petit enfant n’en est que plus sévèrement châtié, parce qu’on a secoué l’autre et tiré sa barbe, alors cet homme se dit naturellement à lui-même : « Où est le bien que tu as voulu faire ? Je t’avoue, se dit l’homme, que je vois le mal, mais que je ne vois pas le bien, je m’en rapporte à vous, monsieur, pour m’en montrer le bien. »

— L’homme dit cela ? observai-je, en voyant que Joe attendait ma réponse.

— Oui, l’homme dit cela, reprit Joe. Et a-t-il raison, cet homme, de dire cela ?

— Cher Joe, il a toujours raison.

— Bien, mon vieux camarade, dit Joe ; alors je m’en rapporte à vos paroles. S’il a toujours raison (quoiqu’en général il ait plutôt tort), il a raison quand il dit ceci : – Supposant que lorsque vous gardiez quelque petite affaire pour vous seul, alors que vous étiez petit, vous la gardiez parce que vous saviez que le pouvoir de Gargery à tenir le bâton à distance n’était pas égal à ses intentions. Donc, qu’il n’en soit plus question entre gens comme nous, et ne laissons pas échapper de remarques sur des sujets inutiles. Biddy s’est donné bien de la peine avant mon départ (car cela a été horriblement dur à me faire comprendre) pour que je visse clair dans tout ceci, et que, voyant clair, je lui