Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/89

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de nous ; puis elle remit ses gants verts, et nous nous groupâmes autour du feu. Alors Wemmick dit :

« Maintenant, vieux père, lisez-nous le journal. »

Wemmick m’expliqua, pendant que le vieux tirait ses lunettes, que c’était une vieille habitude, et que le vieillard éprouvait une satisfaction infinie à lire le journal à haute voix.

« Je ne chercherai pas de prétexte pour l’en empêcher, dit Wemmick ; car il a si peu de plaisir… Y êtes-vous, vieux père ?

— J’y suis, John, j’y suis ! répondit le vieillard, en voyant qu’on lui parlait.

— Faites-lui seulement un signe de tête de temps en temps, quand il quittera le journal des yeux, dit Wemmick, et il sera heureux comme un roi. Nous écoutons, vieux père.

— Très-bien, John, très-bien ! repartit le joyeux vieillard, si content et si affairé, que c’était vraiment charmant de le voir.

Le vieillard, en lisant, me rappela la classe de la grand’tante de M. Wopsle, avec cette plaisante particularité, que sa voix semblait sortir par le trou de la serrure. Comme il avait besoin que les chandelles fussent près de lui, et comme il était toujours sur le point de brûler, soit sa tête, soit le journal, il demandait autant de surveillance qu’un moulin à poudre. Mais Wemmick était également infatigable dans sa douceur et dans sa vigilance, et le vieux continuait à lire, sans se douter des nombreux dangers dont on le sauvait à tout moment. Toutes les fois qu’il levait les yeux sur nous, nous exprimions tous le plus grand intérêt et la plus grande attention, et nous lui faisions des signes de tête jusqu’à ce qu’il continuât.

Comme Wemmick et miss Skiffins étaient assis l’un