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Quoi qu’il en soit, Tom jeta le grand homme à la porte, et il épousa la veuve dans le mois. On le voyait souvent se promener aux environs avec sa jument capricieuse, qui traînait lestement la carriole grise aux roues écarlates. Après beaucoup d’années il se retira des affaires et s’en alla en France avec sa femme. L’antique maison fut alors abattue.

Un vieux gentleman curieux prit la parole après le commis voyageur.

« Voulez-vous me permettre, lui dit-il, de vous demander ce que devint le fauteuil ?

— On remarqua qu’il craquait beaucoup le jour de la noce, mais Tom Smart ne pouvait pas dire positivement si c’était de plaisir ou par suite de souffrances corporelles. Cependant il pensait plutôt que c’était pour la dernière cause, car il ne l’entendit plus parler depuis.

— Et tout le monde crut cette histoire-là, hein ? demanda le visage culotté en remplissant sa pipe.

— Tout le monde, excepté les ennemis de Tom. Ceux-ci disaient que c’était une blague. D’autres prétendirent qu’il était gris, qu’il avait rêvé tout cela et qu’il s’était trompé de culotte. Mais personne ne s’arrêta à ce qu’ils disaient.

— Tom Smart soutint que tout était vrai ?

— Chaque mot.

— Et votre oncle ?

— Chaque lettre.

— Ça devait faire deux jolis gaillards tous les deux.

— Oui, deux fameux gaillards, répondit le commis voyageur. Deux fameux gaillards, véritablement. »





CHAPITRE XV.

Dans lequel se trouva un portrait fidèle de deux personnes distinguées, et une description exacte d’un grand déjeuner qui eut lieu dans leur maison et domaine. Ledit déjeuner amène la rencontre d’une vieille connaissance, et le commencement d’un autre chapitre.

La conscience de M. Pickwick lui reprochait d’avoir un peu négligé ses amis du Paon d’argent, et dans la matinée du