Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/382

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s’empressa-t-il de dire qu’il ne buvait jamais, avant souper, à moins qu’une dame ne bût avec lui. Il s’ensuivit beaucoup d’éclats de rire, et enfin mistress Sanders s’engagea à le satisfaire et but une petite goutte. Alors Sam déclara qu’il fallait faire la ronde, et toutes ces dames burent une petite goutte. Ensuite la vive mistress Cluppins proposa pour toast : Bonne chance à Bardell contre Pickwick ; et les dames vidèrent leurs verres en honneur de ce vœu : après quoi elles devinrent très-parlantes.

« Je suppose, dit mistress Bardell, je suppose que vous avez appris ce qui se passe, monsieur Weller ?

— Un petit brin, répondit Sam.

— C’est une terrible chose, monsieur Weller, que d’être traînée comme cela devant le public ; mais je vois maintenant que c’est la seule ressource qui me reste, et mon avoué, M. Dodson et Fogg, me dit que nous devons réussir, avec les témoins que nous appellerons. Si je ne réussissais pas, je ne sais pas ce que je ferais !  »

La seule idée de voir mistress Bardell perdre son procès affecta si profondément mistress Sanders qu’elle fut obligée de remplir et de vider son verre immédiatement, sentant, comme elle le dit ensuite, que si elle n’avait pas eu la présence d’esprit d’agir ainsi, elle se serait infailliblement trouvée mal.

« Quand pensez-vous que ça viendra ? demanda Sam.

— Au mois de février ou de mai, répliqua mistress Bardell.

— Quelle quantité de témoins il y aura ! dit mistress Cluppins.

— Ah ! oui ! fit mistress Sanders.

— Et si la plaignante ne gagne pas, MM. Dodson et Fogg seront-ils furieux, eux qui font tout cela par spéculation, à leurs risques ! continua mistress Cluppins.

— Ah ! oui.

— Mais la plaignante doit gagner, ajouta mistress Cluppins.

— Je l’espère, dit mistress Bardell.

— Il n’y a pas le moindre doute, répliqua mistress Sanders.

— Eh bien ! dit Sam en se levant et en posant son verre sur la table, tout ce que je peux dire c’est que je vous le souhaite.

— Merci, monsieur Weller ! s’écria mistress Bardell avec ferveur.

— Et tant qu’à ce Dodson et Fogg, qui fait ces sortes de