Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/160

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de la sorte dans ma dernière expédition nocturne, au jardin de la pension, eh ! eh ! Sam ? dit-il en se tournant avec bonne humeur vers son domestique qui marchait derrière lui.

— Très-jolies choses quand on connaît la manière de s’en servir, monsieur. Mais si on ne veut pas être vu, je crois qu’elles sont plus utiles quand la chandelle est éteinte. »

M. Pickwick fut apparemment frappé de la remarque de Sam, car il mit la lanterne dans sa poche, et ils continuèrent à marcher en silence.

« Par ici, monsieur, murmura Sam. Laissez-moi vous conduire. Voici la ruelle, monsieur. »

Ils entrèrent dans la ruelle, et comme elle était passablement noire, M. Pickwick, pour voir le chemin, tira deux ou trois fois sa lanterne, et jeta devant eux une petite échappée de lumière fort brillante d’environ un pied de diamètre. C’était extrêmement joli à regarder ; mais cela ne semblait avoir d’autre effet que de rendre plus obscures les ténèbres environnantes.

À la fin, ils arrivèrent à la grosse pierre, sur laquelle Sam fit asseoir son maître et M. Winkle, tandis qu’il allait faire une reconnaissance, et s’assurer que Mary les attendait.

Après une absence de huit ou dix minutes, Sam revint dire que la porte était ouverte et que tout paraissait tranquille. M. Pickwick et M. Winkle, le suivant d’un pas léger, se trouvèrent bientôt dans le jardin, et là tout le monde se prit à dire : Chut ! chut ! un assez grand nombre de fois ; mais cela étant fait, personne ne sembla plus avoir une idée distincte de ce qu’il fallait faire ensuite.

« Miss Allen est-elle déjà dans le jardin, Mary ? demanda M. Winkle fort agité.

— Je n’en sais rien, monsieur, répondit la jolie bonne. La meilleure chose à faire, c’est que M. Weller vous donne un coup d’épaule dans l’arbre, et peut-être que monsieur Pickwick aura la bonté de voir si personne ne vient dans la ruelle pendant que je monterai la garde à l’autre bout du jardin. Seigneur ! qu’est-ce que cela ?

— Cette satanée lanterne causera notre malheur à tous ! s’écria Sam aigrement. Prenez garde à ce que vous faites, monsieur ; vous envoyez un tremblement de lumière, droit dans la fenêtre du parloir.

— Pas possible !… dit M. Pickwick, en détournant brusquement sa lanterne. Je ne l’ai pas fait exprès.