Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/222

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CHAPITRE XV.

Où l’on apprend diverses petites aventures arrivées dans la prison, ainsi que la conduite mystérieuse de M. Winkle ; et où l’on voit comment le pauvre prisonnier de la chancellerie fut enfin relâché.

M. Pickwick était trop vivement touché par l’inébranlable attachement de son domestique, pour pouvoir lui témoigner quelque mécontentement de la précipitation avec laquelle il s’était fait incarcérer, pour une période indéfinie. La seule chose sur laquelle il persista à demander une explication, c’était le nom du créancier de Sam ; mais celui-ci persévéra également à ne point le dire.

« Ça ne servirait de rien, monsieur, répétait-il constamment. C’est une créature malicieuse, rancunière, avaricieuse, vindicative, avec un cœur qu’il n’y a pas moyen de toucher, comme observait le vertueux vicaire au gentleman hydropique, qui aimait mieux laisser son bien à sa femme, que de bâtir une chapelle avec.

— En vérité, Sam, la somme est si petite qu’il serait fort aisé de la payer ; et puisque je me suis décidé à vous garder avec moi, vous devriez faire attention que vous me seriez beaucoup plus utile si vous pouviez aller au dehors.

— Je vous suis bien obligé, monsieur, mais je ne voudrais pas.

— Qu’est-ce que vous ne voudriez pas, Sam ?

— Je ne voudrais pas m’abaisser à demander une faveur à cet ennemi sans pitié.

— Mais ce n’est pas lui demander une faveur que de lui offrir son argent.

— Je vous demande pardon, monsieur, ce serait une grande faveur de le payer, et il n’en mérite pas. Voilà l’histoire, monsieur. »

En cet endroit, M. Pickwick frottant son nez avec un air de vexation, Sam jugea qu’il était prudent de changer de thème. « Monsieur, dit-il, je prends ma détermination par principe, comme vous prenez la vôtre, ce qui me rappelle l’histoire de