Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/238

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— Attendez une minute, dit Sam. Vous êtes tout blanc par derrière.

— Tu as raison, Sammy : ôte cela, répliqua M. Weller pendant que son fils l’époussetait. Ça pourrait passer pour une personnalité de se montrer ici avec un habit blanchi à la chaux[1]. »

Comme M. Weller montrait, en parlant ainsi, des symptômes non équivoques d’un prochain accès de rire, Sam se hâta de l’arrêter.

« Tenez-vous tranquille, lui dit-il. Je n’ai jamais vu un grimacier comme ça. Qu’est-ce que vous avez à vous crever maintenant ?

— Sammy, dit M. Weller en essuyant son front, j’ai peur qu’un de ces jours, à force de rire, je ne gagne une attaque d’apoplexie, mon garçon.

— Eh bien ! alors, pourquoi riez-vous, demanda Sam. Voyons, qu’est-ce que vous avez à me dire maintenant ?

— Devine qui est venu ici avec moi, Samivel ? dit M. Weller en se reculant d’un pas ou deux, en pinçant ses lèvres et en relevant ses sourcils.

— M. Pell ? »

M. Weller secoua la tête, et ses joues roses se gonflèrent de tous les rires qu’il s’efforçait de comprimer.

« L’homme au teint marbré peut-être ?

M. Weller secoua la tête de nouveau.

« Et qui donc, alors ?

— Ta belle-mère, Sammy, s’écria le gros cocher, fort heureusement pour lui, car autrement ses joues auraient nécessairement crevé, tant elles étaient distendues. Ta belle-mère, Sammy, et l’homme au nez rouge, mon garçon ; et l’homme au nez rouge. Ho ! ho ! ho ! »

En disant cela, M. Weller se laissa aller à de joyeuses convulsions, tandis que Sam le regardait avec un plaisant sourire, qui se répandait graduellement sur toute sa physionomie.

« Ils sont venus pour avoir une petite conversation sérieuse avec toi, Samivel, reprit M. Weller en essuyant ses yeux. Ne leur laisse rien suspecter sur ce créancier dénaturé.

— Comment, ils ne savent pas qui c’est ?

— Pas un brin.

  1. En argot, être blanchi à la chaux, veut dire avoir obtenu un certificat d’insolvabilité.