Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/352

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l’entendant approcher, le clerc s’élança sur son tabouret avec une agilité remarquable, et se mit à écrire furieusement.

Les salutations entre M. Pickwick et son conseiller légal furent cordiales et chaudes, mais le client était à peine étendu dans le fauteuil de l’avoué, quand un coup se fit entendre à la porte, et une voix demanda si M. Perker était là.

« Écoutez, dit le petit homme, c’est un de nos vagabonds ; Jingle lui-même, mon cher monsieur. Voulez-vous le voir ?…

— Qu’en pensez-vous ? demanda M. Pickwick en hésitant.

— Je pense que vous ferez bien. Allons, monsieur… chose… entrez. »

Obéissant à cette invitation familière, Jingle et Job entrèrent dans la chambre ; mais, apercevant M. Pickwick, ils s’arrêtèrent avec confusion.

« Eh bien, dit Perker, reconnaissez-vous ce gentleman ?

— Bonnes raisons pour cela, répliqua Jingle en s’avançant. Monsieur Pickwick, les plus grandes obligations, sauvé la vie, remis à flot. Vous ne vous en repentirez jamais, monsieur.

— Je suis charmé de vous l’entendre dire, répondit M. Pickwick. Vous avez bien meilleure mine.

— Grâces à vous, monsieur. Grand changement. La prison de Sa Majesté, malsaine, très-malsaine, » dit Jingle en hochant la tête.

Il était proprement et décemment vêtu, ainsi que Job, qui se tenait debout derrière lui, regardant fixement M. Pickwick avec un visage d’airain.

« Quand partent-ils pour Liverpool ? demanda M. Pickwick à son avoué.

— Ce soir, monsieur, à sept heures, dit Job en avançant d’un pas ; par la grande diligence de la cité, monsieur.

— Les places sont retenues ?

— Oui, monsieur.

— Et vous êtes tout à fait décidé à partir ?

— Tout à fait, monsieur.

— Quant à l’équipement de Jingle, dit Perker en s’adressant tout haut à M. Pickwick, j’ai pris sur moi de faire un arrangement pour déduire, tous les trois mois, de son salaire, une petite somme, et pour nous rembourser ainsi de l’argent qu’il a fallu avancer. Je désapprouve entièrement que vous fassiez pour lui quelque chose qu’il ne reconnaîtrait pas par ses propres efforts et par sa bonne conduite.