Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/360

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— Vous êtes une paire de voleurs !

— Souvenez-vous que vous nous le payerez bien ! cria Fogg en agitant son poing.

— Chicaneurs ! fripons ! voleurs ! continua M. Pickwick sans s’embarrasser des menaces qui lui étaient adressées.

— Voleurs ! cria-t-il en courant sur le carré pendant que les deux avoués descendaient.

— Voleurs ! » vociféra-t-il en s’échappant des mains de Lowten et de Perker et en mettant sa tête à la fenêtre de l’escalier.

Quand M. Pickwick retira sa tête de la fenêtre, sa physionomie était radieuse, souriante et tranquille, et en rentrant dans le bureau, il déclara que son esprit était soulagé d’un grand poids, et qu’il se trouvait maintenant tout à fait heureux.

Perker ne dit rien du tout jusqu’à ce qu’il eut vidé sa tabatière et renvoyé Lowten pour la remplir ; mais alors il fut saisi d’un accès de fou rire, qui dura cinq minutes, à l’expiration desquelles il fit observer qu’il devrait se mettre en colère, mais qu’il ne pouvait pas encore penser sérieusement à cette affaire, et qu’il se fâcherait dès qu’il le pourrait.

« Maintenant, dit M. Pickwick, je voudrais bien régler mon compte avec vous.

— Est-ce de la même manière que vous avez réglé l’autre ? demanda Perker en recommençant à rire.

— Non, pas exactement, répondit le philosophe, en tirant son portefeuille, et en secouant cordialement la main du petit avoué. Je veux parler seulement de notre compte pécuniaire. Vous m’avez donné plusieurs preuves d’amitié dont je ne pourrai jamais m’acquitter, ce que d’ailleurs je ne désire pas, car je préfère continuer à rester votre obligé. »

Après cette préface, les deux amis s’enfoncèrent dans des comptes fort compliqués, qui furent régulièrement exposés par Perker, et immédiatement soldés par M. Pickwick, avec beaucoup d’expressions d’affection et d’estime.

À peine cette opération était-elle terminée, qu’on entendit frapper à la porte du carré, de la manière la plus violente et la plus épouvantable. Ce n’était pas un double coup ordinaire, mais une succession constante et non interrompue de coups formidables, comme si le marteau avait été doué du mouvement perpétuel, ou comme si la personne qui l’agitait avait oublié de s’arrêter.

« Ah çà ! qu’est-ce que cela ? s’écria Perker en tressaillant.