Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/362

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Le clerc répéta trois fois ses questions, et ne recevant aucune réponse, il se préparait à fermer la porte, quand tout à coup le jeune garçon ouvrit les yeux, les cligna plusieurs fois, éternua et étendit la main, comme pour recommencer à frapper. S’apercevant que la porte était ouverte, il regarda autour de lui avec stupéfaction, et, à la fin, fixa ses gros yeux ronds sur le visage de Lowten.

« Pourquoi diable frappez-vous comme cela ? lui demanda le clerc avec colère.

— Comme quoi ? répondit le gros garçon d’une voix endormie.

— Comme quarante cochers de place.

— Parce que mon maître m’a dit de ne pas arrêter de frapper jusqu’à ce qu’on ouvre la porte, de peur que je m’endorme.

— Eh bien ! quel message apportez-vous ?

— Il est en bas.

— Qui ?

— Mon maître ; il veut savoir si vous êtes à la maison. »

En ce moment, M. Lowten imagina de mettre la tête à la fenêtre. Voyant dans son carrosse ouvert un vieux gentleman qui regardait en l’air avec anxiété, il lui fit signe, et le vieux gentleman descendit immédiatement.

— C’est votre maître qui est dans la voiture, je suppose, dit Lowten. »

Le gros garçon baissa la tête d’une manière affirmative.

Toute autre question fut rendue inutile par l’apparition du vieux Wardle, qui, ayant monté lestement l’escalier et reconnu Lowten, passa immédiatement dans la chambre de Perker.

« Pickwick ! s’écria-t-il, votre main, mon garçon. C’est d’hier seulement que j’ai appris que vous vous étiez laissé mettre en cage. Comment avez-vous souffert cela, Perker ?

— Je n’ai pas pu l’empêcher, mon cher monsieur, répliqua le petit avoué avec un sourire et une prise de tabac. Vous savez comme il est obstiné.

— Certainement, je le sais, mais je suis enchanté de le voir malgré cela. Ce n’est pas de sitôt que je le perdrai de vue. »

Ayant ainsi parlé, Wardle serra de nouveau la main de M. Pickwick, puis celle de Perker, et se jeta dans un fauteuil, son joyeux visage brillant plus que jamais de bonne humeur et de santé.

« Eh bien ! dit-il, voilà de jolies histoires ! Une prise de ta-