Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/398

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« Je vous suis très-obligé pour votre bonté, monsieur, qui est tout à fait digne de vous, mais ça ne peut pas se faire.

— Cela ne peut pas se faire ! s’écria M. Pickwick, avec étonnement.

— Samivel ! dit M. Weller avec dignité.

— Je dis que ça ne peut pas se faire, répéta Sam d’un ton plus élevé. Qu’est-ce que vous deviendriez, monsieur ?

— Mon cher garçon, répondit Pickwick, les derniers événements qui ont eu lieu parmi mes amis changeront complètement ma manière de vivre à l’avenir. En outre, je deviens vieux, j’ai besoin de repos et de tranquillité ; mes promenades sont finies, Sam.

— Comment puis-je savoir ça, monsieur ? Vous le croyez comme ça, maintenant ; mais supposez que vous veniez à changer d’avis, ça n’est pas impossible, car vous avez encore le feu d’un jeune homme de vingt-cinq ans ; qu’est-ce que vous deviendriez sans moi ? Ça ne peut pas se faire, monsieur, ça ne peut pas se faire.

— Très-bien, Samivel. Il y a beaucoup de raison là-dedans, fit observer M. Weller, d’une voix encourageante.

— Je parle après de longues réflexions, Sam, reprit M. Pickwick en secouant la tête. Les scènes nouvelles ne me conviennent plus ; mes voyages sont finis.

— Très-bien, monsieur. Alors raison de plus pour que vous ayez toujours avec vous quelqu’un qui vous connaisse, pour vous rendre confortable. Si vous voulez avoir un gaillard plus élégant, c’est bel et bon, prenez-le ; mais avec ou sans gages, avec congé ou sans congé, nourri ou non nourri, logé ou non logé, Sam Weller, que vous avez pris dans la vieille auberge du Borough, s’attache à vous, arrive qui plante ; et tout le monde aura beau faire et beau dire, rien ne l’en empêchera ! »

À la fin de cette déclaration, que Sam fit avec grande émotion, son père se leva de sa chaise, et oubliant toute considération de lieu et de convenance, agita son chapeau au-dessus de sa tête, en poussant trois véhémentes acclamations.

« Mon garçon, dit M. Pickwick, lorsque M. Weller se fut rassis, un peu honteux de son propre enthousiasme, mon garçon, vous devez considérer aussi la jeune fille.

— Je considère la jeune fille, monsieur ; j’ai considéré la jeune fille, je lui ai dit ma position, et elle consent à attendre, jusqu’à ce que je sois prêt. Je crois qu’elle tiendra sa pro-