Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/90

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liers et la porte de chêne ; mais comme je n’ai que des yeux vous comprenez, ma vision est limitée. »

À cette réponse qui fut délivrée de la manière la plus simple et sans la plus légère apparence d’irritation, les spectateurs ricanèrent, le petit juge sourit, et Me Buzfuz eut l’air singulièrement déconfit. Après une courte consultation avec Dodson et Fogg, le savant avocat se tourna de nouveau vers Sam, et lui dit avec un pénible effort pour cacher sa vexation.

« Maintenant, monsieur Weller, je vous ferai encore une question sur un autre point, s’il vous plaît.

— Je suis à vos ordres, monsieur, répondit Sam avec une admirable bonne humeur.

— Vous rappelez-vous être allé chez Mme  Bardell un soir de novembre ?

— Oh ! oui, très-bien.

— Ah ! ah ! vous vous rappelez cela, monsieur Weller ? dit l’avocat, en recouvrant son équanimité. Je pensais bien que nous arriverions à quelque chose à la fin.

— Je le pensais bien aussi, monsieur, répliqua Sam ; et les spectateurs rirent encore.

— Bien. Je suppose que vous y êtes allé pour causer un peu du procès, eh ! monsieur Weller ? reprit l’avocat, en lançant un coup d’œil malin au jury.

— J’y suis allé pour payer le terme ; mais nous avons causé un brin du procès.

— Ah ! vous en avez causé ? répéta Me Buzfuz dont le visage devint radieux, par l’anticipation de quelque importante découverte. Voulez-vous avoir la bonté de nous raconter ce qui s’est dit à ce propos, monsieur Weller ?

— Avec le plus grand plaisir du monde, monsieur. Après quelques observations guère importantes des deux respectables dames qui ont déposé ici aujourd’hui, elles se sont quasi pâmées d’admiration sur la vertueuse conduite de MM. Dodson et Fogg, ces deux gentlemen qui sont assis à côté de vous maintenant. »

Ceci, bien entendu, attira l’attention générale sur Dodson et Fogg qui prirent un air aussi vertueux que possible.

« Ah ! dit Me Buzfuz, ces dames parlèrent donc avec éloge de l’honorable conduite de MM. Dodson et Fogg, les avoués de la plaignante, hein ?

— Oui, monsieur. Elles dirent que c’était une bien généreuse chose de leur part de prendre cette affaire-là par spécu-