Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/182

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tite tête de Jacob qui s’agitait dans le berceau et considérait avec de grands yeux ce monsieur et cette dame inconnus.

Quand la mère de Kit eut achevé son discours, la vieille dame reprit ainsi la parole :

« Je suis certaine que vous êtes une personne très-honnête et très-respectable. »

On le voyait rien qu’à sa manière de s’exprimer, la mine des enfants, la propreté de la maison, étaient faites pour inspirer la plus grande confiance.

Là-dessus la mère de Kit fit une révérence et parut soulagée. Alors la bonne femme entra dans de longs et minutieux détails sur la vie et l’histoire de Kit, depuis les moments les plus reculés jusqu’à ce dernier jour ; sans omettre de mentionner sa merveilleuse chute d’une fenêtre de l’arrière-boutique lorsqu’il était en bas âge, ni tout ce qu’il avait souffert dans sa rougeole, et, à ce sujet, la mère, pour embellir le récit, imita exactement la façon plaintive dont Kit malade demandait nuit et jour, soit une rôtie, soit de l’eau, et la manière dont il disait : « Mère, ne vous affligez pas ; bientôt je serai mieux. » Pour preuve de tout cela, elle invoquait le témoignage de Mme Green, locataire chez le marchand de fromage du coin, celui de plusieurs autres dames et messieurs de diverses parties de l’Angleterre et du pays de Galles ; entre autres, d’un M. Brown, qui devait servir actuellement en qualité de caporal dans les Indes orientales, et auquel elle renvoyait pour les renseignements. Tout cela, disait-elle, est à la parfaite connaissance de ces personnes.

Après la narration, M. Garland adressa à Kit quelques questions sur ce qu’il savait faire, tandis que Mme Garland s’occupait des enfants, et, apprenant de la bouche de mistress Nubbles certaines circonstances remarquables qui avaient accompagné la naissance de chacun d’eux, remémora de son côté d’autres circonstances, non moins remarquables, qui avaient signalé la naissance de son propre fils, M. Abel ; d’où il suivit que la mère de Kit et la mère de M. Abel avaient couru bien plus de périls, et enduré bien plus de maux que les autres femmes de toute condition d’âge et de sexe. Enfin on passa à l’inventaire de la garde-robe de Kit ; une petite avance fut faite pour la mettre en état, et Kit fut formellement retenu par M. et mistress Garland, d’Abel-Cottage, à Finchley, aux gages de cent cinquante francs par an, avec la nourriture et le logement.