Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/17

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est un original peu commode et qu’il n’est pas facile de faire parler ; mais c’est égal, nous l’aimons tous, oui, vraiment, je vous assure.

— Il faut que je parte, monsieur, s’il vous plaît, dit Kit qui fit un mouvement pour s’éloigner.

— Pas si vite, Christophe ; buvons à votre mère.

— Je vous remercie, monsieur.

— C’est une excellente femme que votre mère, Christophe. Oh, les mères ! Qui est-ce qui courait pour me relever quand je tombais etbaisait la place pour me guérir ? Ma mère. Une femme charmante aussi ! … Cet homme paraît généreux. Nous l’engagerons à faire quelque chose pour votre mère. La connaît-il, Christophe ? »

Kit secoua la tête, et ayant vivement remercié du regard le questionneur, il s’échappa avant que celui-ci pût proférer un mot de plus.

« Hum ! dit M. Swiveller après réflexion, ceci est étrange. Rien que des mystères dans la maison de Brass. Cependant je prendrai conseil de ma raison. Jusqu’à présent tout et chacun a été admis à mes confidences, mais maintenant je pense que je ferai bien de n’agir que par moi-même. C’est étrange, fort étrange. »

Après de nouvelles réflexions faites d’un air de profonde sagesse, M. Swiveller avala quelques autres verres de bière ; puis appelant un petit garçon qui l’avait servi, il versa devant lui sur le sable, en guise de libation, le peu de gouttes qui restaient, et lui ordonna d’emporter au comptoir, avec tous ses compliments, les verres vides, et par-dessus toutes choses de mener une vie sobre et modérée en s’abstenant des liqueurs excitantes et enivrantes. Lui ayant donné pour sa peine ce morceau de moralité, ce qui, selon sa remarque sage, valait bien mieux qu’une pièce de deux sous, le président perpétuel des Glorieux Apollinistes mit les mains dans ses poches et s’en alla comme il était venu, toujours songeant.